La descente de l’enfer à Tignes val Claret

tignes val claret

Et je pèse mes mots. Je le savais, j’en étais sure, skier sans mon fils à Tignes Val Claret allait être une autre paire de manches. Plus besoin de donner le change, plus de petit garçon à rassurer, ma peur allait prendre le dessus! Evidemment, conditionnée comme ça, je ne risquais pas d’arriver à grand chose et j’avais besoin qu’on me rassure. Je me suis fait promettre que la piste serait bleue, qu’elle serait à ma portée, que je pourrai prendre tout mon temps!

Avant d’embarquer sur le télésiège, j’ai bien regardé les couleurs annoncées. Je pouvais me détendre, le bleu rassurant était bien là, même si à Tignes Val Claret le bleu est un peu teinté de rouge.  Du rouge aussi, mais du moment qu’on prenait la bleue moi j’étais tranquille! C’est fou comme on peut se raccrocher à des détails pour se rassurer, focaliser sur la couleur de la piste pour ne pas paniquer. Si c’est bleu, j’en suis capable, mon fils fait bien des rouges avec son prof lui!

Pendant la montée, tout se passe bien, mon chéri me promet une vue sublime sur Tignes Val Claret à l’arrivée. Je tente de lui expliquer qu’en vrai la vue sur la station, je m’en fiche, mais je parviens à tourner légèrement la tête pour observer le paysage. En effet c’est joli, blanc, froid, et de plus en plus pentu. Aller tout en haut de ma montagne ne m’enchante pas, j’ai juste envie de descendre en un seul morceau, pour me prouver que j’en suis capable.

Je relève un peu la tête, et je m’aperçois que le télésiège passe au dessus de rochers escarpés. Les mêmes que ceux de mon pire cauchemar (allez je vous le raconte: Petite j’étais au ski avec mes parents et ma soeur, dans la réalité. La dernière n’était pas née, je devais avoir moins de 8 ans. J’étais à la sortie de l’hôtel et ça glissait beaucoup, dans mon rêve, et je criais à ma soeur de se coucher pour cesser de glisser. Elle s’arrêtait mais pas moi! Je glissais en hurlant et pleurant vers la pente, et d’un coup, plus rien, je tombais dans le vide et la montagne s’était transformée en falaise aux rochers saillants et acérés, prêts à me déchiqueter.). En observant ces rochers de très près, la peur commence à s’emparer à nouveau de moi.

Mon chéri tente de me rassurer, me montre un bâton qu’un skieur maladroit à sans doute laissé tomber depuis le télésiège, me disant qu’il allait avoir du mal à venir le rechercher, mais moi, ça ne m’évoque rien d’autre que mon corps baignant dans une marre de sang empalé sur morceau du rocher le transperçant de part en part! J’essaye de me détendre quand même, de respirer lentement et à fond. C’est à ma portée, il me l’a promis, et en effet la piste bleue de Tignes Val Claret je l’ai observée d’en haut, ça avait l’air d’aller!

Je descends du télésiège, pas assez vite, il me pousse et je lâche un cri plaintif. Le moins qu’on puisse dire c’est que je suis « légèrement » tendue! Mon chéri attend patiemment que mes jambes arrêtent de trembler pour m’annoncer qu’au tout début nous allons passer par la piste de gauche, parce que celle de droite présente une vue magnifique sur un précipice et que ça risque de ne pas me plaire. Je bloque sur deux choses, le mot précipice, et… la couleur de la piste qu’il me propose. Vous devinerez aisément qu’il s’agit de la rouge!

Objectivement elle n’est pas trop pentue, et en plus elle remonte sur ses deux bords, ce qui offre une vision presque rassurante. Je trouve enfin le courage de descendre, deux, trois virages, Je fais une pause, mes muscles et mon souffle ne me permettant pas d’enchainer la descente en entier sans déclarer forfait! Et là alors que j’allais continuer (au ralenti, je n’arrive plus à me résoudre à prendre de la vitesse), le vent se lève brusquement sur Tignes Val Claret, soulevant des volutes de neige. Dans le blizzard impossible de trouver le courage de continuer ma descente. J’ai l’impression que le vent est si violent qu’il va me propulser en dehors de la piste, dans le précipice que j’imagine tapis, là, tout près, attendant cette occasion pour m’aspirer dans le vide!

Je me mets à pleurer, mon nez coule, je me déteste de m’être laissée gagner par cette terreur insidieuse! J’essaye de descendre encore, il va bien falloir que ça se termine un jour! Mes jambes se remettent à me porter un peu, j’en profite pour m’élancer, en regardant bien là où je veux me rendre comme me l’a conseillé l’Amoureux! Ca fonctionne sur le premier virage, mais lors de la deuxième traversée, mes yeux rencontrent une plaque de neige tassée par les snowborders, je vais glisser dessus c’est sur! J’essaye de l’éviter mais comme je la regarde, la théorie de mon chéri se vérifie, je fonce littéralement dessus! Et je dérape.

Ô miracle je ne tombe pas! Je retrouve un semblant d’équilibre, je peux commencer à souffler, je peux le faire, je suis capable de skier! Je relève la tête et un morceau de tissus rose vient obstruer ma vue, une skieuse vient de débouler sur ma trajectoire, je tombe lamentablement. Je n’ai pas vraiment mal mais je me rends compte immédiatement du soucis: je ne vais pas réussir à me relever avec les skis au pieds! Et la skieuse s’est arrêté un peu plus bas. J’aimerai qu’elle dégage, et qu’elle cesse de me regarder! Je sais que c’est parce qu’elle s’en veut et qu’elle veut s’assurer que je vais repartir sur mes skis. J’ai honte parce que j’ai l’impression que je ne me relèverai jamais! Je me jure de m’inscrire dans une salle de sport pour être au top l’année prochaine!

Oh Hisse Oh Hisse! Un coup de rein, un mouvement de bassin, je m’aide de mes mains et hop! Je suis debout! Pas très conventionnelle cette technique mais efficace à la troisième tentative, je souffle enfin! Et la dame en rose poursuit sa course. Bizarrement j’ai très chaud, sauf entre mes jambes, je suis presque glacée. J’ose un regard vers la zone, et HORREUR mon pantalon est déchiré! Complètement craqué à l’entre-jambe, révélant presque mon intimité! J’ai froid mais le bon côté des choses, c’est que j’ai gagné quelques centimètres d’aisance dans mes mouvements. Et ça me servira de leçon, à vouloir faire des économies, j’avais acheté un pantalon Décathlon en soldes, ça m’a donc couté les 20 euros de ce pantalon de ski de mauvaise qualité, et les 85 de celui que j’ai dû racheter en station de Tignes Val Claret, il faisait moins vingt et je n’avais pas le choix!

Enfin une partie plus plate sur cette descente de l’extrême. Avec des piliers en plein milieu, supportant le télésiège emprunté plus tôt. Il m’en faut peu pour me déstabiliser, alors que je reprenais confiance et que j’arrivais enfin à faire des virages skis parallèles, la présence de ces obstacles m’empêchait à nouveau de skier. Je rêvais tout en glissant sur la neige d’une piste large, plate, ensoleillée et surtout vierge de skieurs et de piliers! Enfin pour l’heure j’ai surtout envie de prendre un bain chaud. Et d’un massage. Et d’une cuite… Je ne vous raconte pas la suite de cette descente, un style crapaud près du sol, un ralenti surprenant, des virages plus larges tu meurs… J’avoue à mon chéri que je n’aime pas le ski en arrivant. Il me dit qu’il est fier de moi (sauf la partie où j’ai pleuré). Je suis faible, j’ai envie de recommencer, rien que pour ça! Et je vais recommencer, je vous raconte ça très vite!

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