Lorsque j’étais jeune, on ne parlait pas de cyber harcèlement. Et pour cause, nous n’avions pas d’ordinateurs, internet n’existait pas (Mais Patrick Bruel était déjà là lui! ). En revanche, ce qui était monnaie courante, c’était d’avoir dans la classe un bouc-émissaire, un enfant que personne n’aimait, qui subissait insultes et quolibets à longueur de journée.
En primaire, je me souviens parfaitement bien du petit Eric, rond, avec un nom de famille facilement détournable, et des lunettes. Le pauvre, du matin au soir, chaque jour, élève après élève, cet enfant prenait de plein fouet la haine de ses camarades. Beaucoup de cruauté, beaucoup d’ignorance. A 8 ans, comment deviner seul que c’était mal. Le voir pleurer et ne pas se faire d’ami aurait dû suffire.
Au lycée, je suis moi-même passée du mauvais côté de la barrière. De très bonne élève à l’issue du collège, je suis passée bonne dernière à la fin de ma classe de seconde. La cause, les brimades quotidiennes que je subissais de la part d’un groupuscule de garçons et de filles plus populaires. J’ai essayé de rentrer dans le moule, de me conformer à leurs standards. De mauvaises notes, la cigarette, une façon originale et remarquable de m’habiller.
Les insultes n’ont pas cessé pour autant, elles sont même devenues plus fortes, plus dures. Un jour j’avais décidé de m’habiller en jupe, avec de jolis petits talons. Les petits mots que je retrouvais dans mon cartable ont alors changé du tout au tout. D’intello chouchoute, je suis passée à sale pute, comme ça, sans prévenir. Pendant des semaines on m’a demandé combien je prenais pour sucer des bites… Ce sont leurs mots. Jusqu’à ce que je me rebelle et les défie. Mais j’y ai laissé beaucoup de plumes.
Cela m’aura sans doute forgé le caractère, mais à quel prix. Une autre, plus sensible, aurait peut-être choisi de quitter cette vie, devenue un combat quotidien. Je pense que mes parents n’en ont jamais rien su. La grande chance que j’ai eu, c’est l’arrivée en première de nouveaux élèves, populaires, qui, ne sachant rien de moi, ont bien voulu me côtoyer, m’offrant à la fois l’amour et l’amitié. Sybille est toujours ma meilleure amie, Patrick Bruel Cédrick a été ma première histoire d’amour. A eux deux ils m’ont fait revenir du bon côté de la vie…
Aujourd’hui les choses ont changé, mais pas beaucoup. Le harcèlement existe toujours, et les enfants ont toujours une profonde aversion pour ceux qui ne font pas partie du troupeau. Internet a beaucoup amplifié tout cela. Les insultes et moqueries qui restaient au sein d’une classe à mon époque se propagent désormais à une vitesse folle et dans un cercle toujours plus grand.
Bien sur les parents verrouillent leurs ordinateurs, mais comment faire avec les téléphones portables? Comment leur interdire Facebook et d’autres réseaux sociaux alors que tous les jeunes y ont accès? Un ado a pour seul but celui d’être comme les autres, je m’en souviens encore personnellement…
Leur dire que ça existe et que c’est mal. Expliquer que ne rien dire même si on n’y participe pas est une faute. Tendre la main et offrir son aide. Y être préparé en tant que parent et rester attentif… Guetter les signes sans être intrusif. Savoir qu’il est possible de se faire aider dans toute démarche. Ne pas stigmatiser les harceleurs… C’est un défi énorme, mais pas insurmontable. Et Patrick Bruel vient nous faciliter la tâche…
J’ai eu la chance d’entendre cet homme merveilleux s’exprimer sur ce sujet en tant que papa de deux pré-ados. Très touché par ces histoires, il a décidé de mettre sa notoriété et son talent au service des enfants, comme il l’a souvent fait dans sa carrière, mais avec un degré d’implication qui résonne si bien dans mon coeur. Une bien belle personne ce Patrick Bruel, un papa très attentif, qui a écouté, et décidé d’agir.
Maux d’enfants, c’est un clip qui ne pourra que vous interpeller, je suis restée sans voix, la gorge serrée à l’issue de la projection. Une musique urbaine, un duo Patrick Bruel : La fouine sur fond de hip hop, des mots qui percutent. Les images sont parfaites, le clip est superbement bien réussi, percutant. Pour mieux réveiller les esprits, il est même très interactif, puisque l’internaute peut cliquer et en apprendre plus sur les histoires effroyables que vivent les jeunes de cette classe. Des histoires d’une insoutenable banalité.
Vivant, actuel, choquant mais dans le bon sens du terme, je pense que Maux d’enfants de Patrick Bruel peut amener à faire changer les mentalités. Soutenu par le ministère, et par une association, e-ENFANCE, qui oeuvre pour sortir les jeunes en situation de cyber harcèlement de cette spirale infernale avec de vrais moyens, notamment une proximité avec les éditeurs de réseaux sociaux pour faire cesser les diffusions incriminées. A partager sans modération, il faut que ce clip fasse le tour du monde, plusieurs fois, il en va de la santé de nos enfants.
Maux d’enfants: http://mauxdenfants.fr/
e-Enfance: http://www.e-enfance.org/


Tu as trouvé les mots justes pour raconter… Oui, il faut que ce clip soit connu et reconnu, il faut que tous les parents (au sens large) ayant des ados, des pré-ados dans leur entourage voient et entendent… et surtout qu’ils écoutent !!!
Bravo Isabelle !
Wowwwww, incroyable ce clip !
Je ne suis pas franchement fan de Patriiiiick, mais là, je dois avouer : chapeau !
bizarrement jeune j’étais pas fan de patrick mais avec l’age je l’adore .. par contre j’aime l’acteur qu’il est !!!
ces histoires me font froid dans le dos …. d’autant que ma fille en a souffert et en souffre encore mais si ce n’est pas au quotidien c’ quand même douloureux 🙁
Magnifique article Isa. Vraiment. <3
Merci Cynthia <3
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